Pays catalans (Catalogne)

Pays catalans (Catalogne), « nous sommes une Nation »

La Catalogne, communément appelée Pays catalans, est une nation romane qui s’étend sur plus de 800 km de long. Depuis l’extrême nord-est de la Mer Méditerranéenne, elle longe la bande la plus orientale de la péninsule ibérique, les Îles Baléares incluses. À part la Principauté d’Andorre, le reste du territoire est assigné aux États espagnol et français. 

Le drapeau catalan est le drapeau des anciens rois de la couronne d’Aragon, bien qu’il fut aussi utilisé par la comtesse Ermessenda de Barcelone (vers 1058). Le nombre de bandes rouges a varié jusqu’à ce qu’il soit finalement fixé à quatre. Cette enseigne royale est progressivement devenue le symbole le plus répandu peuple catalan, identique à celui de l’Aragon et de la Provence.

L’histoire catalane est fortement liée aux conquêtes carolingiennes (VIIIe-IXe) qui aboutissent à la constitution de plusieurs comtés devenant rapidement héréditaires. Le centre culturel de ce nouvel ensemble devient rapidement la ville de Barcelone, dont les souverains sont implicitement princes de Catalogne. Après l’union avec l’Aragon (1137), le pays s’étend vers le sud : Tortosa (1149), Lleida (1139), Mallorca (1229), Valence (1232-1244), Alicante (1296) et Minorque (1302). La couronne catalane liée à la dynastie des Habsbourgs, après une période de splendeurs aux XIVe et XVe siècles, vit une période trouble. Après la Guerre de Succession (1797-1815), à la Catalogne nord déjà sous domination française (1659), s’ajoute la perte de l’Aragon. À partir de cette période, le pouvoir espagnol niera l’identité catalane.

Ce n’est qu’au XIXe siècle que le renaissance d’un sentiment national, centrée à Barcelone, est largement promue par la bourgeoisie industrielle. À la renaissance littéraire s’ajoute le catalanisme politique, dont l’aboutissement est, sans conteste, les expériences de l’Association (1910-26) et de la Généralité de Catalogne (1931-39). C’est dans les années 1960 qu’un mouvement en faveur de l’union des terres catalanes, sous le terme « Pays Catalans », apparaît et que l’indépendantisme contemporain voit le jour. Malgré ces fortes revendications, la tendance dominante reste une forme de statu-quo limité à la défense de forts particularismes régionaux et porté par de puissants partis politiques catalans. Cela n’a pas empêché les Catalans de voter à 74% oui au référendum sur le nouveau statut d’autonomie en 2006.

Carte d’identité

NomPaïsos Catalans | catalan
(Pays catalans)
Catalunya | catalan
Cataluña | castillan
(Catalogne)
Population 13 712 983 hab. (2006)
Superficie 70 520 km²
Langues Català | catalan
Castellano | castillan
Occitan | occitan (officielles
Français
Nombre de locuteurs 10 050 000 | catalan (2017)
État de tutelle Espagne, France, Italie
Statut officiel État indépendant (Andorre), communautés autonomes en Espagne, département en France, une commune en Italie
Capitale Barcelona | catalan
(Barcelone)
Religion historique Chrétiens catholiques
Drapeau La Senyera | catalan
(Le Signe)
Hymne Els Segadors | catalan
(Les Faucheurs)
Devise Som i serem | catalan
(Nous sommes et nous serons)

Chronologie

  • 870 • Union des terres catalanes sous Guifré de Rià, préfigurant la future Catalogne.
  • 1304 • Incorporation de la région d’Alicante et fin de l’expansion méridionale.
  • 1410 • Mort de Martí I et fin de la dynastie catalane, remplacée par un lignage castillan.
  • 1701-15 • Victoire des Bourbons à la Guerre de succession entraînant l’incorporation effective de la Couronne d’Aragon au Royaume d’Espagne politiquement unifiée.
  • 1830 • Le poème « Ode à la patrie » de Bonne Aventure Carles Aribau préfigure la Renaissance littéraire.
  • 1910 • Création de la Mancommunauté de la Catalogne, première expérience de gouvernement autonome en 200 ans.
  • 1931-39 • Proclamation de la République catalane par Macià, aboutissant à la création de la Généralité, abolie sous le régime franquiste.
  • 1977-81 • Création des communautés autonomes de Catalogne, des Îles Baléares et du Pays Valencien.

Zoom historique

La Renaixença (Renaissance) catalane de la deuxième moitié du XIXe siècle est considérée comme un phénomène à mi-chemin entre le Felibrige provençal (en tant que mouvement prioritairement littéraire) et le Risorgimento italien (clairement politique). Ainsi, malgré les efforts pour normaliser la culture et la langue catalanes, la tendance générale du catalanisme tend à la formation d’un État espagnol plurinational sous forme fédérale. Mettant fin à une période de déclin (au XVIIIe s.), appelée Decadència, ce mouvement s’appuiera sur le rétablissement du catalan comme langue de la culture, non seulement par la promotion de diverses formes d’art, le théâtre et la littérature, mais aussi en réformant son orthographe. La Renaixença s’étendra à l’ensemble du territoire catalan.

Géographie

D’une superficie de près de 70 000 km²,les Pays catalans s’étendent sur 800 km du nord au sud. On y trouve l’essentiel des climats méditerranéens, du climat de haute-montagne à celui des grandes cordillères. Au nord, les Pyrénées (Aneto, 3 404 mètres), dominent. Des chaînes de montagnes atteignant plus de 1 000 m se succèdent jusqu’au sud et longent la Méditerranée. L’Ebre constitue le fleuve catalan le plus important. Un grand nombre d’affluents et de fleuves plus petits forment le réseau hydrographique de la Catalogne. Le maillage urbain est constitué de grandes métropoles, dont les deux centres urbains sont Barcelone au nord et Valence au sud. Ces deux villes forment des ensembles plus vastes, de type métropolitain, du fait de la proximité d’autres grandes villes. Alicante est pour sa part la plus grande ville du sud tandis que Perpignan tient ce rang au nord. On distingue cinq grands ensembles : la Catalogne (ancienne principauté qui regroupe la Généralité de Catalogne et la Catalogne nord), la Frange du Ponent, le Pays Valencien, les Îles Baléares, Andorre et l’Alguer (ville catalane en Sardaigne). Le terme Països Catalans (Pays catalans) décrit cet ensemble. La carte montre le découpage territorial en « vegueries » pour la Généralité de Catalogne (qui sont en cours d’élaboration) et en régions pour la Communauté valencienne.

Langues

Català


Le catalan est certainement la langue minoritaire la plus pratiquée en Europe. Il y a plus de locuteurs de catalan que de locuteurs de danois, de slovène ou d’estonien réunis, qui pourtant sont des langues nationales. Dix millions de personnes le parlent. Ainsi le terme minoritaire peut paraître dans ce cas inappropriée. Bien vivant, le catalan est une langue romane très proche de l’occitan, mais s’en distingue toutefois par certains aspects grammaticaux. Elle partage aussi des traits caractéristiques communs avec les langues ibéro-romanes, comme le castillan et le portugais. La langue se divise en deux groupes où l’intercompréhension est toutefois possible : le catalan occidental (suivant une ligne régulière du nord au sud, des Pyrénées jusqu’à la région valencienne et le catalan oriental (depuis le Roussillon jusqu’à Tarragone et incluant les Îles Baléares et la ville d’Alguer en Sardaigne). Bien qu’aujourd’hui la connaissance du catalan de la part des populations nouvellement arrivées soit importante, son usage social décroît en faveur de l’adoption du castillan comme langue intercommunautaire, surtout dans les grandes agglomérations comme Barcelone ou Valence. Dans la communauté autonome de Catalogne, plus de 5,7 millions de personnes le pratiquent. Langue particulière de la Catalogne selon le statut d’autonomie de 1979, le catalan est protégé par diverses lois, dont celle de 2003 sur la normalisation linguistique imposant le catalan dans tous les actes de la vie civile, en plus du castillan. C’est ce qui a sauvé le catalan. La radio et la télévision (TV3 et Canal 33) jouent leur rôle de véhicule de la langue. En Pays valencien, les autorités, grâce au Statut d’autonomie de 1982, défendent le bilinguisme quoique beaucoup plus timidement que dans la Généralité de Catalogne, le nombre de castillanophones hostiles à la langue catalane étant parfois nombreux. En Catalogne nord, le mépris des autoritées françaises vis-à-vis des langues régionales ne permet pas autant d’avancés qu’au sud. Seulement un peu plus de 10 000 élèves l’apprennent.

Zoom politique

Du fait de la division de la Catalogne entre plusieurs divisions administratives, la vie politique est différente d’une région à l’autre. Andorre par exemple est un État souverain. Le nord dispose d’un Conseil général sans pouvoirs réels. Malgré l’existence de statuts d’autonomie dans la Principauté de Catalogne, le Pays Valencien et les Îles Baléares, le pouvoir reste maîtrisé par le gouvernement espagnol. 20 % des Catalans selon les sondages seraient partisans de l’indépendance (plus de 35 % dans la Généralité de Catalogne), mais ces dernières années deux combats ont dominé la scène politique catalane. Les Catalans ont souhaité être reconnus en tant que « Nation » comme le sont par exemple les Écossais. Ils se sont aussi largement battus pour que la langue catalane, langue minoritaire plus parlée que certaines langues officielles, soit reconnue au niveau européen. Le centre-droit Convergence et union, pourtant arrivé en tête des élections de 2006 (31 %) n’a pas pu gouverner, la Gauche républicaine de Catalogne, indépendantiste, s’étant allié au PSOE pour former une coalition. Actuellement, plus de la moitié des Calalans votent pour des partis autonomistes ou indépendantistes. En juillet 2010, après de vivres tensions avec le pouvoir central au sujet du statut d’autonomie, 1,5 million de Catalans manifestent à Barcelone, pour rappeler qu’ils l’avaient adopté quatre an plus tôt par référendum.

Partis nationalistes les plus représentatifs de Catalogne