Romanches

Romanches, le parent pauvre suisse

Quoique le caractère de Nation sans État soit discutable dans le cas des Romanches, ce peuple rhéto-roman de l’espace alpin se distingue par sa langue. Ils sont apparentés aux Ladins et aux Frioulans. Peuplant depuis la fin de l’empire romain une partie du canton des Grisons, leur territoire s’est pourtant grandement érodé.

Le drapeau grison ne représente pas explicitement le peuple romanche. Il s’agit d’un drapeau composé des armoiries des « trois ligues » qui se lièrent au XVe siècle et formèrent le canton des Grisons. Les Romanches se reconnaissent dans ce drapeau.

Ainsi, les Romanches ne revendiquent pas de territoire propre, mais peuplent de nombreuses vallées du canton des Grisons. Ils se répartissent dans cinq régions dispersées. Le reste de la population parlant l’allemand ou l’italien. Les Romanches n’ont obtenu que récemment l’usage officiel de leur langue.

Descendants de populations latines, les Romanches ont pu préserver leur culture du fait de leur implantation au cœur des Alpes. Sous la pression des populations Walser, germanophones originaires du Vallais, leur territoire s’est largement érodé, laissant la place à une communauté multi-culturelle.

Ce n’est que depuis 1938 que le romanche a le statut de langue nationale en Suisse, sans pour autant bénéficier d’un statut officiel. Il aura fallu les efforts de nombreuses associations pour qu’en 1996 elle puisse l’obtenir. Ainsi, fait étonnant, sans revendiquer de territoire, les Romanche peuvent enseigner leur langue par immersion dans toutes les écoles primaires, l’allemand étant introduit progressivement.

Malheureusement la petite communauté romanche est confrontée à la fuite de ses ressortissants. 40% de la population romanche vit en dehors du territoire traditionnel. Le maintien de la langue paraît difficile dans ces conditions. La conscience romanche commence toutefois à émerger ces dernières années, via notamment les relations avec leurs voisins rhéto-romans.

Carte d’identité

NomRumantschs dal Grischun | romanche
Romantschen in Graubünden | allemand
Romanci dei Grigioni | italien
(Romanches des Grisons)
Population 198 379 hab. (2018) (dont 33 991 Romanches en 2013)
Superficie7 105 km²
LanguesRumantsch | romanche
Deutsch | allemand
Italiano | italien (officielles)
Nombre de locuteurs 60 000 | romanche (44 354 comme langue principale) (2017)
État de tutelle Suisse
Statut officiel Canton
CapitaleCuira | romanche
Chur | allemand
Coira | italien
(Coire)
Religion historique Chrétiens catholiques et protestants
DrapeauBandiera dal Grischun | romanche
(Drapeau des Grisons)
Hymne Pas d’hymne
Devise Pas de devise

Chronologie

  • 15 av. JC • Les Romains conquièrent le territoire rhétique. Apparition de la langue et de la culture rhéto-romane, fortement influencées par le latin.
  • 1464 • Après le grand incendie de Coire, la capitale du canton des Grisons, la ville est totalement germanisée.
  • XVIe-XVIIe • La réforme impulse l’utilisation d’une langue romanche écrite.
  • XIXe • Accroissement de la prise de conscience de la valeur de la culture romanche.
  • 1938 • Le romanche devient langue nationale.
  • 1996 • Le romanche devient langue officielle en Suisse.
  • 1997 • Ratifie la Charte européenne des langues régionales et minoritaires, permettant d’accroître la présence du romanche dans la vie publique.
  • 2007 • Le canton des Grisons s’engage dans la mise en place d’une vraie politique linguistique en faveur de la langue romanche.

Zoom historique

Le romanche (Rumantsch grischun), reconnu comme l’une des quatre langues de Suisse n’est (avec quelques restrictions) officiel que depuis le vote de 1996. La Lia Rumantscha a largement participé à cette dynamique. Organisme créé en 1919, il a pour objectif de diffuser la langue romanche dans l’ensemble de la vie publique. C’est en particulier grâce aux efforts de normalisation linguistique (c’est à dire de recherche d’un base commune aux différentes variétés sur le territoire) que la préservation du romanche est aujourd’hui possible. Depuis 2003, le Parlement cantonal des Grisons a institué le romanche comme langue écrite dans toutes les écoles, ce qui a permis l’édition de nombreux manuels. Cette renaissance est due à une politique volontariste des autorités du canton des Grisons et au fait que la langue ait été officialisée. La Suisse plurilingue prouve que son modèle de préservation d’une langue minoritaire est efficace.

Géographie

Entouré par l’Autriche, le Liechtenstein, l’Italie et les cantons d’Uri, de St Gall et de Glaris, le canton des Grisons était initialement peuplé de Celtes. Ce territoire particulier du sud-est de la Confédération helvétique, se situe entièrement dans les Alpes, Saint-Moritz et Davos étant deux des stations de ski les plus réputées au monde. Ce paysage alpin explique aussi la faible densité du territoire, soit 26 habitants au km². Peuplé majoritairement de germanophones au nord et d’italiénophones au sud, seule la partie centrale s’étendant des frontières de l’Uri à celles du Tyrol parle le romanche, langue autochtone rhéto-romane. Très dispersés et vivant dans les vallées alpines, les Romanches voient encore leur territoire se réduire. Cuira (Coire), la capitale du canton, est par exemple aujourd’hui majoritairement peuplée de locuteurs allemands. Cinq régions linguistiques forment le territoire des Romanches : de l’ouest à l’est, Surselvan, Sutsilvan, Surmiran, Puter et Vallader. Les Romanches ne s’identifient que très rarement à leur territoire, préférant souvent se voir comme une communauté linguistique à l’intérieur du canton des Grisons.