Corse

Corse, histoire mouvementée d’une quête de liberté

Terre rebelle, campée au milieu de la Méditerranée, la Corse, malgré sa faible population, fait souvent entendre sa voix sur la scène internationale. Les mouvements de libération nationale y cultivent l’héritage de Pasquale Paoli, un des héros de la nation corse.

Le drapeau corse est consititué d’une tête de Maure sur fond blanc. Lorsque le géographe italien Mainaldi Galerati voulut cartographier au XVIe siècle les possessions de Philippe II, roi d’Espagne, il utilisa pour la première fois ce symbole, qui fut adopté par la république de Corse en 1762. Le blanc rappelle la couleur de la Vierge Marie, sous la protection de laquelle la Corse indépendante avait placé l’île en 1735. Le drapeau actuel reprend ces deux éléments.

L’origine de la population de l’île reste encore incertaine, cependant la théorie la plus probante serait l’arrivée de pêcheurs vraisemblablement venus de ce qui est aujourd’hui la Toscane. Ce premier peuplement de l’île de Corse daterait de 9 000 avant JC. Au fil de son histoire le peuple corse a su se forger une âme de résistant. La volonté de vivre libre et en paix est constante à travers l’histoire de ce peuple, mais les tourments de l’histoire des puissances voisines sont toujours parvenus à briser la paix, à l’instar de la période d’indépendance à la fin du XVIIIe siècle lorsque les Corses se sont défaits du joug génois.

Nostalgique de cette période faste, le mouvement nationaliste corse, a débuté dans les années 1960 comme un mouvement régionaliste, pour se radicaliser par la suite. Le Front de libération nationale de la Corse (FLNC) (1976) marque la scission entre les séparatistes et les autonomistes.

Ces conflits ont abouti à la création d’un statut spécial pour la Corse en 1991. L’enseignement du corse est aujourd’hui promu, mais la notion de « peuple corse », qui devait y être inscrite, a été rejetée par le Conseil constitutionnel français, ce dernier refusant de reconnaître qu’il puisse exister d’autres peuples sur « son » territoire.

Aujourd’hui, la situation politique de la Corse est toujours tendue. Ainsi, les revendications linguistiques et indépendantistes restent d’actualité.

Carte d’identité

Nom Corsica | corse
Corse | français
Population 334 938 hab. (2017)
Superficie 8 680 km²
Langues Corsu |corse (sans statut officiel)
Français (officielle)
Nombre de locuteurs 122 000 |corse (2012)
État de tutelle France
Statut officiel Collectivité territoriale en France
Capitale Corti |corse
(Corte)
Religion historique Chrétiens catholiques
Drapeau A Testa Mora / Bandera Corsa |corse
(La Tête de Maure / Drapeau corse)
Hymne Diu vi salvi regina |corse
(Que Dieu vous protège reine)
Devise Pas de devise

Chronologie

  • 1347 • Sambucucciu d’Alandu instaure la Terra di u cumunu dont l’idée principale est l’égalité et la répartition des richesses.
  • 1553-1564 • Sampieru Corsu tente de liberer la Corse des Génois.
  • 1735 • La Corse est indépendante, Don Luiggi Giafferi et Ghjacintu Paoli sont parmi les chefs de la Nation.
  • 1755 • Constitution corse rédigée par Pasquale Paoli.
  • 1769 • Bataille de Ponte Novu, la France s’empare militairement de la Corse.
  • 1943 • La Corse se libère des fascistes, un an avant la France.
  • 1970 • Riaquistu, Renouveau culturel et politique. Le renouveau politique vient de l’ARC des Frères Simeoni.
  • 1976 • Création du FLNC (Fronte di Liberazione Naziunale di a Corsica).

Zoom historique

En 1755, Pasquale Paoli, un des principaux chefs corses contre le pouvoir de Gênes est proclamé Général de la Nation. C’est ainsi que naîtra la première démocratie européenne. La Constitution corse met un point d’honneur à être exemplaire. Elle institue la séparation des pouvoirs et accorde le droit de vote à tous les citoyens, dont les femmes. Le gouvernement siège à Corte, considérée aujourd’hui comme la capitale historique de la Corse. Cet période d’indépendance sera remise en cause par la France, alliée à la République de Gênes. Un traité est signé entre les deux États. Les Corses, avertis, malgré quelques victoires seront défaits définitivement en 1769 par les troupes françaises.

Géographie

La Corse est une île de la Méditerranée de 183 km de long et de 83,5 km le large. Elle se situe à 340 km de Barcelone, 100 km de Nice, 55 km de Livorno et 8 km de la Sardaigne. La Corse compte plus de 1 000 km de côtes. C’est une île montagneuse dont le sommet, le Monte Cintu culmine à 2 710 m. De ces montagnes coulent des rivières qui irriguent chaque vallée, les deux plus grandes sont u Golu avec 84 km et u Tavignanu avec 80 km. L’île compte de nombreux lacs comme u Ninu, u Melu et u Crenu.Les villes côtières sont parmi les plus peuplées, Bastia et Calvi au nord, Ajaccio (Aiacciu) et Bonifaccio (Bunifaziu) au sud. Nichée au cœur des montagnes, Corte (Corti) est la capitale historique de la Corse. Les paysages corses sont très divers et l’on peut passer de montagnes enneigées à une plage de sable fin baignée par une mer translucide en moins de deux heures de route. La Corse est traditionnellement composée de pièves (pieve, pluriel pievi). Il s’agit des paroisses d’origine. Ces pièves sont souvent regroupées par régions historiques, pouvant toutefois varier.

Langues

Corsu


La langue corse est une langue romane du groupe italo-roman. Les diverses influences, latine, germanique, arabe, toscane, ont façonné une langue unique, propre à l’île de Corse. La langue corse est dite « polynomique » car elle comporte des spécificités propres aux régions de l’île, ce qui n’altère en rien son unicité. Elle n’a jamais été officielle, y compris durant l’indépendance, la langue du peuple était le corse mais la langue officielle était toscane. Plus de 30 000 élèves apprennent le corse ce qui est très encourageant au regard de la population totale de l’île. On estime que 60 % de la population le pratique. La loi établissant le statut de la collectivité territoriale de Corse (1991) dote l’Assemblée de Corse de pouvoirs élargis notamment en matière d’éducation. Mais ces pouvoirs restent limités eu égard au centralisme français. Même si le corse est la première langue du pays, il est aujourd’hui gravement menacé du fait d’un statut flou et de son caractère facultatif dans l’éducation, sa survie passant pas un apprentissage précoce.

Zoom politique

Aujourd’hui la corse bénéficie d’un statut particulier acquis après des années de lutte. Depuis 1982 l’assemblée de Corse détient le pouvoir exécutif et peut proposer des lois au gouvernement français. En pratique, aucune loi ou modification n’a jamais été acceptée. Les tensions entre le pouvoir central et les Corses font souvent la une des journaux. Depuis l’échec du référendum de 2003, aucun dialogue n’existe entre les nationalistes et l’état français. Malgré les appels aux dialogues des nationalistes la situation politique semble sclérosée. La mouvance nationaliste représente environ 35% des électeurs de Corse. Récemment, les partis corses se sont restructurés et permettent ainsi plus de lisibilité dans l’échiquier politique. Aux dernières élections (2010), les listes autonomiste (Femu a Corsica) et indépendantiste (Corsica Libera) représentaient 35,75 % des suffrages, soit respectivement 25,89 % et 9,85 %.

Principaux partis corses

  • Corsica Libera / Corse Libre (indépendantiste de gauche radicale)
  • Femu a Corsica / Faisons la Corse (autonomiste)
  • Rinnovu / Renouveau (indépendantiste de gauche)
  • A Manca / La Gauche (indépendantiste de gauche radicale)
  • I Verdi Corsi / Les verts corses (écologiste autonomiste)