Cornouailles

Cornouailles, l’histoire de la résurrection d’une langue

La Cornouailles est une des six Nations de langue celtique et en est la deuxième plus petite communauté après l’île de Man. Ne disposant pas de la même reconnaissance que les autres peuples celtiques du Royaume-Uni, ils ont pourtant réussi le pari de « ressusciter » leur langue.

Le drapeau cornique consiste en une croix blanche sur fond noir. Appelé « Saint-Piran » ou Gwynn ha du (blanc et noir), par analogie au drapeau breton Gwenn ha du, il était à l’origine la bannière de Saint-Piran, moine irlandais qui visita la Cornouailles au VIe siècle. La légende dit qu’il adopta ces couleurs en voyant de l’étain en fusion dessinant une croix blanche sur fond noir.

En effet, contrairement aux Gallois et aux Écossais, ils ne bénéficient pas de la reconnaissance de leur identité propre. Cependant selon une enquête de l’institut Morgan Stanley réalisée en 2004, 44% des personnes interrogées en Cornouailles se considèrent plutôt Cornouaillais qu’Anglais, et même si la langue quotidienne demeure l’anglais, le cornique a bénéficié d’un élan rarement égalé.

D’une langue « morte », elle est redevenue la langue quotidienne de plusieurs milliers de personnes, après que celles-ci se soient employées à son revival, c’est à dire sa « renaissance ». C’est aussi ce qui fait la singularité de ce petit peuple d’Europe.

Le nom Cornwall pour sa part vient du terme anglo-saxon Cornu-Wealha, signifiant littéralement « Cornouaillais-Gallois ». Le nom Kernow, terme cornique pour désigner la Cornouailles, descend directement du peuple Cornovii. D’autres sources affirment que Corineus, un guerrier troyen de l’armée de Brutus de Bretagne aurait laissé son nom au pays.

L’exploitation du minerai et la pêche ont constitué pendant longtemps deux activités emblématiques de la Cornouailles.

Aujourd’hui bien que la langue cornique soit protégée par le gouvernement du Royaume-Uni, les Cornouaillais continuent à réclamer une plus grande autonomie et demandent à être considérés comme une Nation au sein du royaume. Une polémique entoure également le statut constitutionnel de la Cornouailles qui souhaite retrouver son rang de duché, mais n’est reconnu qu’en tant que comté.

Carte d’identité

Nom Kernow | cornique
Cornwall | anglais
(Cornouailles)
Population 568 210 hab. (2018)
Superficie 3 563 km²
Langues Kernewek | cornique (sans statut officiel)
English | anglais (officielle étatique)
Nombre de locuteurs550 | cornique
État de tutelle Royaume-Uni
Statut officiel Duché au sein du Royaume-Uni
Capitale Truru | cornique
Truro | anglais
(Truro)
Religion historique Chrétiens méthodistes et anglicans
Drapeau Gwynn ha du | cornique
(Blanc et noir)
An Banner Sen Pyran | cornique
(La bannière de Saint-Piran)
Hymne Bro Goth Agan Tasow | cornique
(Vieux pays de mes pères)
DeviseOnen hag oll | cornique
(Un et tous)

Chronologie

  • 936 • Athelstan, roi d’Angleterre, expulse les Cornouaillais d’Exeter et établit la frontière entre l’Angleterre et la Cornouailles à l’est du fleuve Tamar.
  • 1337 • La Cornouailles devient un Duché.
  • 1497 • En réaction aux prélèvements d’impôts du roi Henry, Michael Joseph (An Gof), forgeron de métier emmène la révolte du peuple cornouaillais.
  • 1549 • Rébellion cornouaillaise contre le livre de prières en anglais.
  • 1702 • Le Gallois Edouard Lhuyd étudie le cornique et note les similarités avec les autres langues celtiques.
  • 1904 • Henry Jenner lance son manuel de la langue cornique. Création du Congrès panceltique.
  • 1955 • Le parti Mebyon Kernow est fondé.
  • 2001 • Pétition de 50 000 signatures pour réclamer une assemblée cornouaillaise équivalente à celle du pays de Galles.

Zoom historique

De violentes rebellions s’organisent en Cornouailles en 1497. Ces soulèvements ont eu pour conséquence d’affecter l’identité et la langue cornouaillaise. Ils illustrent parfaitement les relations difficiles entre le centre et la périphérie. Le soulèvement de 1497 est un soulèvement populaire qui vit les Cornouaillais protester contre la hausse de leurs impôts afin de financer les guerres du roi Henry VII d’Angleterre, malgré l’obtention par le Cornish Stannary Parlement de droits avantageux. La même année Perkin Warbeck, souhaitant renverser le pouvoir royal, pactise avec les Cornouaillais qui s’étaient soulevés trois mois plus tôt. Emmenant une armée et promettant, s’il prenait le pouvoir, de mettre un terme aux taxes exorbitantes, il obtient le soutien de ces derniers. Vaincu, il abandonne son armée. De nombreux Cornouaillais périront lors de cette épisode.

Géographie

La Cornouailles est une terre assez isolée au sud-ouest de la Grande-Bretagne. En effet, entourée par la mer au nord, à l’ouest et au sud, elle se trouve coupée du reste de la plus grande île britannique par le fleuve Tamar. Elle forme ainsi une péninsule et est fortement exposée aux vents dominants de l’Océan Atlantique. Le rivage se compose de falaises acérées ponctuées de rias (ou abers), sortes de petits fjords. St Austell (S. Ostell) en est la ville principale avec plus de 30 000 habitants. L’extraction du kaolin est une des plus importantes d’Europe.

Langues

Kernewek


La langue cornique est une langue étroitement liée au breton et au gallois de par son affiliation aux langues celtiques de la branche brittonique. De fait, elle est plus éloignée des autres langues celtiques de la branche goïdélique (gaélique d’Irlande et d’Écosse et manx). Le cornique partage environ 80 % de son vocabulaire de base avec le breton et 75 % avec le gallois. Le cornique était jusqu’à la fin du XVIIIe siècle et probablement le début du XIXe siècle une langue de communication quotidienne. Aujourd’hui, le nombre de locuteurs est faible (quelques milliers de néo-locuteurs) mais est cependant en constante augmentation. Le cornique tend à redevenir la langue quotidienne de quelques locuteurs.

Zoom politique

La Cornouailles est actuellement considérée par l’administration britannique comme un Comté cérémonial d’Angleterre. Selon la Constitution il est un des Duchés royaux du Royaume-Uni. La vie politique cornouaillaise est dominée par le Parti démocrate du centre (centre-gauche) qui répond de manière variée aux questions de la décentralisation, de la langue cornique ou du statut de la Cornouailles. Le seul parti autonomiste, le Mebyon Kernow, dispose actuellement de quelques élus au niveau de la plupart des Conseils de district et dans certaines municipalités.

Parti cornouaillais représentatif