Alsace

Alsace, terre des Alamans

L’Alsace est une réalité géographique et culturelle ancienne, héritière directe du duché d’Alsace, quasiment indépendant entre les VIIe et VIIIe siècle. Dès le XIX e siècle, l’Alsace tente d’affirmer son identité entre deux grandes puissances – la France et l’Allemagne – qui convoitent ce territoire pour ses richesses.

Le drapeau alsacien porte le nom de Rot un Wiss (rouge et blanc). Ces couleurs sont très présentes dans les blasons des villes et familles alsaciennes. Le Rot un Wiss est apparu vers 1872, pour affirmer l’identité alsacienne, d’abord vis-à-vis des autorités allemandes, puis françaises. Il a été officialisé par le parlement d’Alsace-Lorraine en 1912.

Le peuple alsacien s’est forgé lentement au cours du Moyen Âge, notamment par la Décapole, ligue fondée en 1354 par dix villes libres alsaciennes au sein du Saint-Empire romain germanique. Cette union durera près de trois siècles, avant que le royaume de France n’annexe la plupart du territoire alsacien. Les guerres franco-allemandes (1870-71, 1914-18 et 1939-45) posent l’Alsace comme enjeu entre les deux grandes puissances. L’Alsace devient une réalité politique après son annexion à l’Empire allemand en 1871 et elle acquiert en 1911 un statut d’autonomie très large. Après 1918, l’Alsace mène un combat farouche contre l’État central français pour le maintien de ses particularités. À cette époque, deux tiers des députés alsaciens sont autonomistes. Malheureusement, après la seconde guerre mondiale, l’État français, cultivant l’amalgame « alsacien = nazi », accélère sa politique d’assimilation..

Le peuple alsacien est un peuple alémanique, qu’on peut considérer comme des Germains méridionaux.

Aujourd’hui, l’Alsace est encore une région riche, bénéficiant d’un droit local spécifique et d’un dialecte allemand encore vivace. Mais ces trois éléments sont très menacés par le caractère jacobin de l’État français, qui l’isole de l’espace rhénan. Le peuple alsacien peine à faire entendre ses revendications même si l’allemand est aujourd’hui enseigné. Les mouvements autonomistes modérés commencent à émerger et à faire prendre conscience de la spécificité de la culture alsacienne et de l’intérêt de la préserver.

Carte d’identité

NomElsass | allemand
Alsace | français
Population 1 895 811 hab. (2020)
Superficie 8 280 km²
LanguesElsässisch | alsacien (variante alémanique et francique de l’allemand, utilisé comme standard écrit) (sans statut officiel)
Français (officielle)
Nombre de locuteurs800 000 | alsacien (2014)
État de tutelle France
Statut officiel Collectivité européenne
CapitaleStrossburi | alsacien
Straßburg | allemand
(Strasbourg)
Religion historique Chrétiens catholiques et protestants, Juifs
DrapeauRot un Wiss | alsacien
Rot und Weiß | allemand
(Rouge et blanc)
HymneElsässisches Fahnenlied | allemand
(Chant du drapeau alsacien)
Devise Pas de devise

Chronologie

  • 378 • Les Alamans, avec les Francs, chassent les Romains. L’Alsace est au centre de l’Alémanie.
  • IXe-Xe • Traité de Verdun, puis traité de Mersen : l’Alsace est rattachée successivement à la Lotharingie puis au Saint-Empire Romain Germanique.
  • 1648 • Annexion de l’Alsace à la France. L’Alsace doit quitter le Saint-Empire.
  • 1871 • Guerre franco-prussienne : Alsace et Moselle sont rattachés à l’Empire allemand.
  • 31 mai 1911 • L’Alsace-Lorraine obtient un statut d’autonomie politique.
  • 1914-1918 • Les Alsaciens combattent dans l’Armée allemande. Victoire française en 1918. Expulsion d’Alsaciens sur des critères ethniques.
  • 24 mai 1926 • Création du Heimatbund, structure de coordination politique pour l’obtention d’un statut d’autonomie.
  • 1939-1945 • Déportation d’une partie de la population en Gascogne. Annexion de fait de l’Alsace par le IIIe Reich. Libération en 1944-45.

Zoom historique

Le 8 mai 1926 paraît dans le journal alsacien Die Zukunft , le manifeste du Heimatbund . Rédigé par les représentants des partis centristes et autonomistes, il exige de la France un statut d’autonomie pour l’Alsace. Ce manifeste est signé par de nombreux élus et soutenu par les radicaux et les communistes. En réponse, Paris déclenche une vague de répression sans précédent : interdiction de journaux, licenciements de fonctionnaires, arrestations. Le 22 août 1926, à Colmar, un défilé autonomiste tombe dans un piège dressé par la police et les royalistes : les manifestants autonomistes sont violemment attaqués et arrêtés ( Blutiger Sonntag ). Dans la nuit de Noël 1927, les principaux responsables autonomistes sont arrêtés et incarcérés pour « complot contre la sûreté de l’État ». Accusés sans preuve, quatre d’entre eux sont néanmoins condamnés à un an de prison mais seront graciés deux mois plus tard. Tous les autres seront acquittés.

Géographie

L’Alsace est une région s’étendant du nord au sud dans la vallée du Rhin. Elle est délimitée à l’est par le Rhin (Pays de Bade), à l’ouest par la crête des Vosges (France), au nord par la rivière Lauter (Palatinat) et au sud par le massif du Jura (Suisse). Elle se compose de plusieurs espaces très différenciés :

la plaine d’Alsace, drainée par la rivière Ill, la zone marécageuse du Ried, qui s’étend entre le Rhin et l’Ill marquant l’ancienne zone inondable du Rhin, le massif vosgien (point culminant : Grosser Belchen/Grand Ballon 1 424m). Deux métropoles, Strasbourg et Mulhouse rayonnent sur les deux régions historiques de Basse- et Haute-Alsace. Composé d’un réseau de villes moyennes (Guebwiller, Colmar, Sélestat, Saverne), les flancs du massif vosgien abritent un vignoble à la réputation mondiale.

Langues

Elsasserditsch


L’alsacien (Elsasserditsch) est un ensemble de variantes germaniques. Le plus important de ces dialectes est le bas-alémanique (parlé aussi au Pays de Bade), utilisé dans la plus grande partie de l’Alsace. On utilise également le haut-alémanique au sud de l’Alsace (parlé aussi en Suisse alémanique) et le francique rhénan au nord et au nord-est de l’Alsace. L’alsacien est parlé depuis le VIe siècle. Depuis le XVIe siècle l’allemand standard (Hochdeutsch) forme l’expression écrite de l’alsacien, selon le même principe qu’en Suisse par exemple. Plus de 80 000 élèves l’apprennent dont 50 000 en primaire en enseignement bilingue. Cet engouement pour la langue allemande se comprend du fait des liens historiques qu’entretiennent les Alsaciens avec cette langue. Une version du quotidien Les dernières nouvelles d’Alsace sort quotidiennement dans cette langue (10 % des tirages). Cette situation favorable ne doit pas faire oublier que l’alsacien comme son standard écrit, l’allemand n’ont aucun statut officiel en France.

Zoom politique

L’Alsace est considérée aujourd’hui comme une région française. Dans ce cadre elle dispose dans certains domaines d’un droit spécifique, situation unique pour une région métropolitaine, excepté le cas de la Collectivité territoriale de Corse. En effet au droit national s’ajoute le droit local qui concerne particulièrement l’autonomie communale accrue, un droit du travail et un régime social (sécurité sociale) plus avantageux ainsi qu’un régime spécifique pour ce qui est des cultes religieux, la chasse, la justice.. Malgré cet héritage intéressant, les partis autonomistes (dont l’ancienne Union du Peuple Alsacien) réalisent des scores faibles subissant souvent la concurrence de l’extrême droite (Alsace d’Abord) qui se pare d’un vernis régionaliste. La constitution d’une nouvelle force politique en 2009 (Unser Land), réunissant l’UPA et la dynamique association Fer’s Elsass, pourrait redonner un nouveau souffle à l’autonomisme alsacien.

Principaux partis alsaciens

  • Unser Land (Notre Pays) (autonomiste, social-démocrate)